Chapitre VI : 

"Elle attrape ma main et me tire vers les toilettes. Au milieu de la foule de personnes, c'est assez compliqué de se déplacer. Soudain, j'aperçois Raphaël adossé à un arbre, un soda à la main." 

 -Hey, Malory ! Le monde est petit dis donc ! Blague t-il. Comment vas-tu ? Il me fait la bise en rigolant.

-Raphaël ! Le hasard fait bien les choses. Bien et toi ? Qu'est ce qui t'amène ici ?

-Pour la même raison que toi ! Mais je viens très souvent ici.

-Tu as les moyens de venir ici souvent ? Je trouve que c'est quand même cher, mais c'est vrai que le site est absolument splendide. Je demande amicalement.

-Bien, en fait... Je ne paye pas. Je... J'ai trouvé il y a quelques années un petit passage pour me faufiler à Sunday sans me faire choper. Tu veux que je te montre ? Avant de prendre ce passage, préviens tes amis que tu vas être absente une heure, sinon ils vont s'inquiétez.

-Oh, oui bien sûr ! 

 Après un appel bref, mes trois amis arrivent, Angie avec une barbe à papa à la main. 

-Qui êtes vous ? Que voulez vous ? Se méfie Lee.

-Je m'appelle Raphaël, un ami de Malory. Je voulais juste vous l'emprunter une heure, pour lui montrer quelque chose.

-Mmh... s'agace Edgar.

-C'est d'accord, rétorque Lee à contre coeur.

Je remarque qu'Edgar jette un regard noir à Raphaël qui se contente d'un sourire forcé en guise de retour. Raphaël m'attrape la main et me guide discrètement vers un endroit rempli de végétation. Il nous enfonce dedans en essayant de casser les branches gênantes. On débouche finalement sur une colline en hauteur. On aperçois un petit sentier assez dangereux et risqué.

-Normalement, j'arrive par le sentier, et je me glisse discrètement dans les buissons pour arriver ni vu ni connu dans le parc ! Explique t-il.

-Dis donc petit chenapan, ce n'est pas bien ça ! Plaisantai-je.

-Admire la vue sur la campagne de Binko. C'est magnifique.

 Les maisons toutes entassées les unes à coté des autres construisent la vue. Elles sont toutes serrées pour garder l'air frais dans les petites ruelles. La petite boulangerie se fait remarquer par la cheminée vomissant une fumée épaisse. Les petits stands des marchands remplissent la place du village. Les voix des comerçants se font entendre à dix kilomètres à la ronde. Beaucoup de produits variés circulent comme la soie, le café, les épices... Les spécialités sont vendues comme des petits pains à prix raisonnables. Les odeurs des patisseries sur le marché sont abondantes et se font sentir à plein nez, comme pour nous attirer vers ces gourmets alléchants. Le soleil illumine les champs et les cultures au loin. 

-Alors, tu as vu, ça en jette hein ? Questionne Raphaël.

-C'est une vue splendide... Mais comment as-tu fait pour trouver ce petit passage ! Il est si bien enfoui... Et se sentier a l'air risqué et endommagé. 

 Il s'avance lentement et s'assoit sur l'herbe. Je fais de même, et l'on scrute l'horizon. 

-Tu sais, cela fait maintenant plusieurs années que je vis à Binko. Je suis un marin qui vit au jour le jour, joueur et malicieux. Tout le monde me connaît ici. C'est... C'est mon grand-père qui m'a fait découvrir cet endroit. Je faisais tout avec lui, nous étions très proches, et toujours prêts à faire les quatre cent coups. Il est mort il y a six ans environ. Il me manque terriblement et mon père refuse de me parler des souvenirs les plus enfouis, ceux dont je ne me rappelle pas. Il trouve toujours une excuse bidon pour éviter le sujet, ça le met en colère.

-C'est triste... Tu n'as pas de chance, il ne te reste que ton père c'est cela ?

-Oui... C'est pas la relation "le fils à papa" entre nous. On ne discute jamais ensemble, que se soit de maman ou de grand-père...

-C'est dommage, tu dois te sentir vraiment seul... m'attristais-je.

-Oui... Veux-tu que je te montre la souche d'arbre que moi et grand-père avons gravé par nos initiales ?

-Avec plaisir ! Montre moi ! Je réponds.

Il me montre une souche d'arbre où sont inscrites les lettres "R" et "G". Il me dit que son grand-père se nommait Guy. Les yeux gris de Raphaël laissent couler une petite larme sur sa joue. Ses cheveux blonds volent au contact du vent si doux. Après avoir franchi la végétation, je retourne vers mes colocataires en lui faisant un signe de la main.

-Alors qu'as-tu fais de si beau ? Demande Lee en souriant.

-Des choses banales... On a mangé et bu un petit coup. Bon sinon, qu'avez vous fait ?

-Angie m'a lancé un pari, dit-il. Il fallait que je fasse les petits avions pour les trois-cinq ans ! J'ai accepté et ils se sont foutus de moi. Mais au moins j'ai gagné le pari !

Pendant qu'il s'expliquait, Angie et Edgar essayait de se retenir pour ne pas rigoler. On sentait un très gros fou rire mal dissimulé. Puis, après quelques secondes, tout éclata. Les passants dans le parc regardaient avec de grands yeux mes deux amis, au bord des larmes. Lee et moi, ne savant quoi faire, nous attrapons leurs bras et les tirent rapidement vers la sortie, un peu gênés.

-Non mais, regardez vous ! Plaisante Lee.

-Moi je dis que c'est le bon moment pour prendre une photo ! Sors ton appareil Lee ! Allez dépêche toi ! Je réplique.

Rapidement, il sort son appareil photo de son sac, et les flash apparaissent par milliers. Au moins dix photos en vingt sencondes seulement ! Lee, les mitraillant, se venge du pari. Il n'hésite pas à prendre des dossiers de grimaces hilarantes.

Après une bonne heure de photos, nous roulons vers l'appartement. Fatigués, nous ne disons rien et pensons chacun de notre coté, la tête adossée à la vitre. Je jette quelques coups d'oeils discrets et aperçoit des sourires sur les visages de mes amis. Intérieurement, j'ai envie de virevolter et crier au et fort que je suis une fille heureuse. Mais tous les bons moments ont une fin...

-Au fait, commence Edgar, interrompant le silence dans la voiture. Je compte inviter Violette dans quelques jours, pour qu'elle vous connaisse, et puisse passer un peu de temps avec nous.

-Qui est Violette, tu l'as dis hier mais je ne me rappelle pas qui sait, je déclare, en jouant la fille naïve.

-Ma petite amie. Elle est souvent absente car elle s'occupe d'un centre d'équitation très populaire. Elle est passionnée par les chevaux qui occupent une grande partie de son temps. Déjà, du temps pour moi, elle n'en a pas énormément mais je comprends, c'est un passe-temps magique, dit-il.

-Ah... je soupire silencieusement. 

Tout le monde se tut, jusqu'au retour à l'appartement. Lee sortit dans le jardin pour s'entraîner avec le petit panier de basket qu'il a installé. Angie partit se mettre du vernis, et Edgar regarder la télévision. Par ce beau temps de fin d'après-midi, je suivis Lee discrètement, sans me faire surprendre. Je me cachais derrière le petit mur pour le regarder jouer. Au bout de dix minutes, je tourne la tête pour voir quelle chaîne Edgar regardait.

-Pourquoi tu te caches et me regarde jouer depuis un petit quart d'heure ? Questionne Lee, soudainement.

-Ha ! Qu... Quoi ?! Oh, heu, je bafouille affolée. Je... Hum...Je regardais la télévision de loin, sinon j'ai mal aux yeux ! J'invente, un mensonge de dernière minute complètement faux et débile.

-D'accord. Me regarde Lee bizarrement. Alors porte des lunettes.

-Bah heu... J'en porte ! Mais je ne les mets pas souvent.... C'est pas trop mon fort !

-Montre les moi, je vais regarder ! Blague t-il.

-Bon ok, je me suis faite grillée. Je ne t'ai jamais vu jouer, alors je me suis dit que je pouvais voir sans te gêner. Si je te regardais fixement tu aurai été déconcentré donc...

-T'inquiète pas, je le sais depuis le début, je voulais que tu l'admette pour rigoler un peu. Viens, je vais t'apprendre quelques trucs, rien de bien difficile.

 Je le suis en souriant. Moi et le basket, c'est égal à deux. Lee et son sport, ça ne fait qu'un. Voilà une énorme différence. Pendant une heure, il m'entraîne à tirer près, mais de coté. Quand on y pense, ce n'est pas si facile que ça de viser un panier ! Puis, nous nous arrêtons pour boire un peu. 

 -Alors, aimes-tu ce sport ? C'est bien non ?

-C'est extra ! Quand on a envie de se défouler, c'est parfait !

-Je savais que tu aimerais. Je n'ai pas eu tort. Allez viens là !

Je me blottit dans ces bras amicalement et l'on regarde le ciel. On joue à ce jeu de gamin, qui nous plaît tant, distinguer les formes des nuages par des animaux, ou des objets.

 -Je vois une trompe d'éléphant ! Je m'exclame.

-Moi une queue de poisson ! Haha ! Bon aller, il est l'heure de rentrer pour préparer à manger. On se lève la feignasse !

 Je me dirige vers le réfrigérateur et appelle tout le monde en bas.

A Suivre...